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Les Chroniques

Betty Catroux, Féminin singulier

Betty Catroux, Féminin singulier

En 1967, Yves Saint Laurent rencontre Betty Catroux. C’est d’abord un véritable coup de foudre physique. Comme lui, elle est blonde, grande, mince. Son physique androgyne incarne l’idéal du couturier. Dès lors, il ne quittera plus celle qu’il considère comme son « double féminin ».

Retour sur l’histoire d’une icône de mode, à l’occasion de l’exposition "Betty Catroux, Yves Saint Laurent - Féminin Singulier" dont le commissariat est assuré par Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent.

Chapitre 1

Betty Saint

Betty Catroux, années 1970, © Droits réservés
Betty Catroux, années 1970
© Droits réservés

Betty naît en 1945 à Rio. Fille unique de Carmen Saint, elle arrive à Paris à l’âge de quatre ans, où elle grandit dans la société mondaine des années 50. 

À 16 ans, grâce à une amie de sa mère, Maggie Van Zuylen, elle-même mère de Marie-Hélène de Rothschild, elle rencontre Coco Chanel pour qui elle défilera pendant deux ans, avant d’arrêter une pratique qu'elle trouve très humiliante. « Chanel ne choisissait que des filles qui avaient de la personnalité, se rappelle Betty Catroux. Et il n’y avait que des beautés, que des filles divines [...]. Les hommes étaient fous, ils nous attendaient à la porte de la rue Cambon. C’était l’époque où les femmes fascinaient. Maintenant elles sont toutes divines, mais elles sont toutes pareilles. » 

Le 26 décembre 1967, elle épouse à Saint-Jean-Cap-Ferrat, le décorateur François Catroux, « un homme avec un cœur d’or et un talent fou ! » révèle Betty.

Photographie de Betty et François Catroux à l'occasion de leur mariage, Saint-Jean-Cap-Ferrat, 26 décembre 1967, © Droits réservés
Photographie de Betty et François Catroux à l'occasion de leur mariage, Saint-Jean-Cap-Ferrat, 26 décembre 1967
© Droits réservés
Je ne ressemble à personne, ni mentalement, ni physiquement. J’ai une attitude différente. Je suis totalement spontanée. J’ai toujours été très libre. Il faut dire que je n’ai jamais travaillé. J’ai toujours eu cette liberté d’agir, de penser.
Betty Catroux

C’est peut-être aussi cette liberté qui s’exprime dans son unique passion, la danse, qu’elle pratique depuis très longtemps, deux heures par jour, tous les jours. 

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Betty Catroux évoque sa passion pour la danse

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Betty Catroux évoque sa passion pour la danse

Chapitre 2

"Il a eu un coup de foudre physique"

Yves Saint Laurent et Betty Catroux, Paris, années 1970, © Droits réservés
Yves Saint Laurent et Betty Catroux, Paris, années 1970
© Droits réservés

C’est dans un club, chez Régine, boulevard du Montparnasse, que Betty Catroux rencontre Yves Saint Laurent. Elle se souvient qu’il a eu « un coup de foudre et il m’a draguée […] comme il était farouche, il a envoyé un garçon de sa table m’accoster. Je me suis assise avec lui et il m’a fait les compliments habituels… Je l’ai trouvé follement sympathique et drôle. C’est vrai qu’on se ressemblait un peu. Il m’a demandé de défiler pour lui. Je lui ai ri au nez, alors que toutes les filles ne rêvaient que de ça. Il a pris mon téléphone et ne m’a plus jamais quittée. » 

Yves a eu un coup de foudre physique. J’étais androgyne, asexuée, c’est une chose qui le touchait c’est sûr, mais notre ressemblance n’était pas seulement physique, on se ressemblait aussi, moralement, mentalement, ce qui est assez incroyable… et là où il est très fort, c’est d’avoir senti que je pouvais être une âme soeur.
Betty Catroux

Dès lors, ils deviennent inséparables. Betty Catroux est son double, sa jumelle, sa complice. Elle fait tous les voyages avec Yves, les voyages privés et les vacances à Marrakech. « Pour la maison Saint Laurent, nous sommes allés partout, au Japon, en Chine, en Amérique ». Pour autant, elle ne travailla jamais pour lui. C’était un rapport totalement gratuit, « comme un fantasme qui a duré toute la vie ». 

Yves Saint Laurent lui adresse des lettres qui témoignent de sa profonde affection pour elle. Ils se surnomment mutuellement Pulu, un « nom d’amour » qui dérive de la bande-dessinée faite par Yves Saint Laurent, La Vilaine Lulu.

Carte d’Yves Saint Laurent adressée à Betty Catroux, © Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent
Carte d’Yves Saint Laurent adressée à Betty Catroux
© Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent

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Invitée sur France Inter, Betty lit une lettre d'Yves Saint Laurent qui lui est adressée

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Invitée sur France Inter, Betty lit une lettre d'Yves Saint Laurent qui lui est adressée

Chapitre 3

Vivre pour s'amuser

Betty est aussi celle avec qui Yves Saint Laurent sort toutes les nuits. Ils fréquentent les boîtes de nuit parisiennes avec pour seul objectif de ne vivre que pour s’amuser.

Nous vivions pour la séduction. La séduction était notre but. Charmer, séduire, était un plaisir énorme pour nous. Et puis, c’était faire la fête, toutes les nuits. Ne faire que des choses amusantes. Coquines. Boire. Des excès. Que des choses que les gens ne font plus. Ne vivre que pour s’amuser.
Betty Catroux
Loulou de La Falaise, Yves Saint Laurent et Betty Catroux chez le couturier, 55 rue de Babylone, Paris, 1978. Photographie de Guy Marineau., © Guy Marineau
Loulou de La Falaise, Yves Saint Laurent et Betty Catroux chez le couturier, 55 rue de Babylone, Paris, 1978. Photographie de Guy Marineau.
© Guy Marineau

De leur cercle fait également partie Loulou de La Falaise, avec laquelle ils forment un trio. À l’inverse de Betty, Loulou est plus « femme ». Merveilleuse, lumineuse, elle voit tout en rose, tandis que Betty et Yves voient tout en noir. « Loulou m’inspirait de la fantaisie et Betty la rigueur du corps » raconte Yves Saint Laurent, qui voit en elles, chacune à leur manière, des idéaux féminins.

François et Betty Catroux, Pierre Bergé, Bill Willis et Yves Saint Laurent, Paris, années 1970. Photographie de Jeanik Ducot.
François et Betty Catroux, Pierre Bergé, Bill Willis et Yves Saint Laurent, Paris, années 1970. Photographie de Jeanik Ducot.

Betty aime le Sept, rue Sainte-Anne, une boîte de nuit qui fait également restaurant, où ils ont croisé Francis Bacon, David Hockney, Robert Mapplethorpe ou Andy Warhol qui est un ami d’Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé. Ils cultivent, ensemble, le « goût du louche » et toutes les possibilités que la nuit peut offrir. « Tous ces excès et ces drogues ont eu beaucoup d’importance dans notre vie, se rappelle Betty Catroux, parce que nous l’avons très mal fait, nous l’avons très mal vécu. [...] C’est pour cela que nous avons fini à l’hôpital, ensemble souvent, et dans des situations terribles. On s’en est sortis par miracle, avec l’aide de personnes qui nous aiment. [...] Je pense à Pierre Bergé et à François, mon mari, qui nous ont portés jusqu’à la fin. Portés, protégés, aidés. Sinon, on ne serait certainement plus là. Ils étaient effondrés, mais ils ne nous ont pas lâchés. »

Chapitre 4

Le style Saint Laurent

En 1967, lorsqu’il rencontre Betty Catroux, Yves Saint Laurent a déjà défini son propre style qui emprunte les codes du vestiaire masculin pour révolutionner la mode féminine : le caban, le trench-coat, le smoking, la saharienne, le jumpsuit, chacuns de ces vêtements seront ensuite sans cesse réinterprétés pendant la longue carrière du couturier, tel un leitmotiv se déclinant à l’envi au fil des collections. Ils étaient auparavant réservés à la garde-robe masculine et utilitaire. Le couturier se les approprie et les adapte au corps féminin : il en retient la coupe, le confort ainsi que l’aspect pratique et les ajuste aux formes féminines, combinant la simplicité à l’élégance.

Une femme en costume pantalon est loin d’être masculine. À travers la coupe implacable et rigoureuse, sa féminité, sa séduction, son ambiguïté, ressortent davantage. Elle s’identifie au corps d’un adolescent, c’est-à-dire qu’elle affirme le grand bouleversement des mœurs qui immanquablement tend à l’uniformité et à l’égalité des sexes. Cette femme androgyne égale à l’homme par son vêtement bouleverse l’image traditionnelle d’une féminité classique et dépassée et déploie toutes les armes secrètes et qui n’appartiennent qu’à elle pour triompher de ce qui semblerait être un handicap, mais qui n’est en réalité que l’image mystérieuse et séduisante de la femme d’aujourd’hui.
Yves Saint Laurent

Extrait de l'émission Dim Dam Dom du 10 mars 1968 © INA

Chapitre 5

L'esprit d'une époque

Betty Catroux, Yves Saint Laurent et Loulou de La Falaise à l'inauguration de la première boutique londonienne SAINT LAURENT rive gauche, New Bond Street, Londres, 10 septembre 1969., © Bridgeman Images
Betty Catroux, Yves Saint Laurent et Loulou de La Falaise à l'inauguration de la première boutique londonienne SAINT LAURENT rive gauche, New Bond Street, Londres, 10 septembre 1969.
© Bridgeman Images

Avant de rencontrer Yves Saint Laurent, Betty cultive déjà un goût pour les vêtements d’homme, dans lesquels elle se sent elle-même.

Androgyne, à angles droits, vêtue à la garçonne, avec des vêtements qui lui apportent confort et assurance, Betty est pourtant d’une sensualité sans pareil. Lorsqu’il la rencontre, Yves voit en elle « l’esprit de l’époque » où la mode est « un état d’esprit avant d’être des vêtements ». Ainsi une femme ne doit plus se contenter de porter des vêtements, mais elle doit dégager une attitude, qui mêle mystère et séduction.

J’ai toujours été captivée par ce qui est masculin. J’ai toujours porté des jeans, une veste d’homme, y compris si cela venait de Monoprix au début. Je ne m’habille que chez les hommes. Je ne me sens ni fille ni garçon, mais davantage en position de séduction habillée en garçon…
Betty Catroux

Betty est celle qui incarne le mieux le style Saint Laurent, celle qui porte le mieux ses jumpsuits, ses tailleurs-pantalons, ses sahariennes, à l’exemple de celle qu’elle revêt lors de l’inauguration de la boutique SAINT LAURENT rive gauche à Londres, en 1969.

Mais Betty va surtout complètement s’approprier le style Saint Laurent. Le couturier encourageait d’ailleurs les femmes à construire autour des « types parfaits de vêtements » qu’il créait, en dépareillant les modèles avec une grande spontanéité : « Je mélange toujours, mais seulement du Saint Laurent ! J’aime que le résultat n’ait pas l’air pensé. » raconte Betty.

Extrait d'un entretien entre Betty Catroux et Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent, réalisé par Loïc Prigent pour l'exposition "Betty Catroux, Yves Saint Laurent - Féminin Singulier"

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Chapitre 6

Le smoking

Vers 1880, les hommes portent au fumoir la « smoking jacket », dotée de larges revers de satin de soie pour que les cendres de leurs cigares glissent sans laisser de trace. En 1966, Yves Saint Laurent propose cette tenue d’homme comme alternative à la robe du soir, bousculant les codes traditionnels du pouvoir, mais aussi de la couture. Ainsi, le smoking rencontre un véritable succès non pas en haute couture, mais dans sa version prêt-à-porter, disponible quelques mois plus tard. 

Il devient l’apanage des femmes émancipées, s’arrogeant le droit de le porter, à l’instar des hommes, transgressant alors les conventions et les codes de la séduction. Yves Saint Laurent fait du smoking un élément clef de la garde-robe contemporaine. Il le décline au fil des saisons et en fait son leitmotiv tout au long de sa carrière. 

Depuis 1966, où le premier smoking a fait son apparition dans ma collection, l’idée d’une femme en costume d’homme n’a cessé de grandir, de s’approfondir, de s’imposer comme la marque même d’une femme d’aujourd’hui. Je pense que s’il fallait représenter la femme des années 1970 un jour dans le temps, c’est une femme en pantalon qui s’imposerait.
Yves Saint Laurent
Betty Catroux en smoking SAINT LAURENT rive gauche, 1993. Photographie Steven Meisel, © Steven Meisel
Betty Catroux en smoking SAINT LAURENT rive gauche, 1993. Photographie Steven Meisel
© Steven Meisel

Le smoking devient la pièce phare du vestiaire de Betty Catroux. Elle s’approprie ce vêtement dont elle reconnaît l’« équilibre parfait », entre le féminin et le masculin qu’elle aime tant.  La collection personnelle de Betty compte quantité de smokings – veste, pantalon, jupe, robe et même short –, faisant écho aux variations qu’Yves Saint Laurent présentait à chaque collection. 

On se sent comme dans sa peau, dans mon cas, je me sentais enfin bien dans ma peau, c’est une merveille d’être en smoking Saint Laurent. […] Je le porte toujours pareil, nue sous la veste, pas de chemise, pas de bijoux, rien.
Betty Catroux

Chapitre 7

L'icône d'un style

Véritable icône de mode, Betty Catroux a été photographiée par les plus grands artistes comme Helmut Newton, Irving Penn, Steven Meisel ou Jeanloup Sieff. « Je dis toujours que je n’ai aucun talent si ce n’est le talent d’attirer les talents. » affirme-t-elle.

Extrait d'un entretien entre Betty Catroux et Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent, réalisé par Loïc Prigent pour l'exposition "Betty Catroux, Yves Saint Laurent - Féminin Singulier"

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Betty pose souvent pour des magazines, habillée en haute couture ou en prêt-à-porter. Elle est « celle qui les porte à la perfection » (Vogue États-Unis) et « celle qui incarne le style Saint Laurent » (Vogue Grande-Bretagne).

Chapitre 8

L'esprit Saint Laurent

Yves Saint Laurent créait aussi bien pour la haute couture que pour le prêt-à-porter. Ce dernier est vendu en 1999 au groupe Kering, qui est aujourd’hui propriétaire de la marque.

Betty rencontre Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent, à l’occasion de l’inauguration du musée Yves Saint Laurent de Marrakech, à l’automne 2017.

J’adore l’attitude d’Anthony Vaccarello, ça m’a beaucoup touché. Il a une vraie élégance, une allure merveilleuse. Je l’aime beaucoup et je trouve qu’il a très bien capté cette ambiance Saint Laurent, cette espèce de mystère.
Betty Catroux
Betty Catroux et Anthony Vaccarello, 2020. Photographie de David Sims, © Courtesy of Saint Laurent
Betty Catroux et Anthony Vaccarello, 2020. Photographie de David Sims
© Courtesy of Saint Laurent

En 2018, Betty accepte de participer à une campagne publicitaire pour Saint Laurent de l’automne-hiver 2018. Photographiée par David Sims, elle porte une veste de cuir, créée à la fois pour la collection homme et la collection femme.

Betty continue d’incarner l’« esprit Saint Laurent » et en perpétue le style androgyne, qui ne s’enferme dans aucun genre. « Je déteste la nostalgie, affirme Betty. Jamais je ne pense au passé. C’est maintenant qui m’intéresse. J’aime le présent dans lequel je me sens mille fois mieux qu’il y a cinquante ans. Avant j’étais mal dans ma peau, alors qu’aujourd’hui je suis complètement en phase avec l’époque qui est la nôtre. »

Betty Catroux pour une campagne publicitaire de Saint Laurent de l’automne-hiver 2018. Vidéo de David Sims © Courtesy of Saint Laurent

D’elle, on croit tout connaître : une allure, une mèche blonde sur des lunettes noires, une longue silhouette masculine mais très féminine en même temps […]. Elle est tout cela mais aussi tout autre chose : une femme qui vit, qui bouge, qui pense, qui rit et qui incarne l’esprit Saint Laurent sans grand discours. Juste comme ça. Elle est Saint Laurent comme elle respire. Son allure, son mystère, son côté sulfureux, un danger insaisissable, désirable, tout ce qui fait l’aura de cette maison, on en comprend l’ampleur quand on rencontre Betty
Anthony Vaccarello

Chapitre 9

Une donation particulière

La collection personnelle de Betty Catroux est constituée de 180 pièces haute couture, dont la grande majorité sont les prototypes du défilé, qui lui étaient livrés quelques jours après la présentation de la collection. À ces pièces s’ajoutent 138 pièces créées par Yves Saint Laurent pour sa marque de prêt-à-porter SAINT LAURENT rive gauche, ainsi qu’un ensemble d’accessoires : chaussures, sacs, bijoux, etc.

Extrait d'un entretien entre Betty Catroux et Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent, réalisé par Loïc Prigent pour l'exposition "Betty Catroux, Yves Saint Laurent - Féminin Singulier"

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J'ai la chance d'avoir chez moi un petit musée merveilleux que mon mari François Catroux, qui est décorateur, m'a construit pour mes vêtements Yves Saint Laurent. Il y a des choses magnifiques que je mets encore maintenant. Tout est extrêmement moderne et parfait de proportions. J'ai beaucoup de chance, je dois avoir une vingtaine de smokings, des vestes brodées, des costumes-pantalon...
Betty Catroux
Betty Catroux, aux côtés de la comtesse Jacqueline de Ribes, dans le public du défilé haute couture printemps-été 1978, Hôtel Inter-Continental, Paris, 25 janvier 1978, © Droits réservés
Betty Catroux, aux côtés de la comtesse Jacqueline de Ribes, dans le public du défilé haute couture printemps-été 1978, Hôtel Inter-Continental, Paris, 25 janvier 1978
© Droits réservés

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Betty revient sur l’importance des prototypes de défilé

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Betty revient sur l’importance des prototypes de défilé

En 2019, elle décide, de faire don de son vestiaire à la Fondation par amitié pour Madison Cox, qui la préside : « Yves et Pierre m’ont tout donné. Ma vie a été un vrai conte de fée ! Aujourd’hui ces vêtements retournent d’où ils viennent, pour que l’œuvre d’Yves perdure » témoigne Betty. Cette donation, la plus importante reçue par la Fondation, revêt une signification particulière. Ces pièces incarnent aussi bien le style qu’Yves Saint Laurent n’aura eu de cesse d’affirmer, que la complicité qu’il avait avec Betty Catroux. Elle représente aussi le vestiaire complet d’une icône de la mode.

Chapitre 10

Betty Catroux, Yves Saint Laurent – Féminin singulier

Le Musée Yves Saint Laurent Paris consacre en 2020 une exposition exceptionnelle à Betty Catroux. Les pièces présentées dans l’exposition sont issues de l’importante donation qu’elle a choisi de faire à la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent.

Madison Cox, président de la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, a souhaité donner une carte blanche à Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent. Celui-ci porte un regard esthétique sur le vestiaire de Betty Catroux, en sélectionnant les pièces qui révèlent le mieux la personnalité singulière de cette dernière et la permanence de son influence sur un style désormais porté par la marque. L’exposition retrace également toute l’histoire du « style Saint Laurent » indissociable de la silhouette de Betty Catroux.

N’espérez pas trouver dans cette exposition, une sorte de guide définitif sur « comment être la femme Saint Laurent ». Car, chez Betty, il y a aussi cette part de mystère, cette ambiguïté permanente qui résiste à toute définition. C’est cette ombre pleine de tension et d’inconnu que chacun a au fond de soi et que la mode Saint Laurent propose de révéler et d’assumer.
Anthony Vaccarello