1950
Une passion naissante pour le théâtre

À l’âge de 13 ans, c’était à Oran où je suis né, j’ai assisté à une représentation de L’École des femmes, avec Louis Jouvet. Les décors étaient de Christian Bérard, un artiste prodigieux. Ce fut pour moi un très grand choc. Il y avait à l’époque des tournées théâtrales d’une qualité extraordinaire. C’est ainsi que j’ai pu découvrir La Machine Infernale de Jean Cocteau, avec Jean Marais, Elvire Popesco, Jean-Pierre Aumont. Et dans des décors de Bérard.

Yves Saint Laurent, 2005 (Connaissance des arts, La collection Yves Saint Laurent Pierre Bergé, Réédition d’une interview de 2005 Chez Pierre Bergé et Yves Saint Laurent, 2009)

À la suite de cette découverte qui le bouleverse, Yves Saint Laurent construit son « Illustre Petit Théâtre », véritable scène miniature sur laquelle évoluent des personnages en carton pour lesquels il invente les costumes. Il en peint lui-même le décor.  

Cette passion rejoint son goût pour la littérature. Il écrit ses premiers poèmes et s’applique à retranscrire et illustrer Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset ou Madame Bovary de Gustave Flaubert. C’est aussi durant son adolescence qu’Yves Saint Laurent découvre avec admiration l’œuvre de Marcel Proust, qui continuera de le fasciner tout au long de sa vie.  

Les premiers croquis de costumes d’Yves Saint Laurent, pour Sodome et Gomorrhe, L’Aigle à deux têtes, La Reine Margot, témoignent aussi bien de son don pour le dessin que de son « sens immédiat et stupéfiant du costume », comme le dira plus tard Roland Petit.

Galerie